Le géant pétrolier français Total a publié mercredi un résultat net en repli de 4% au deuxième trimestre 2015, la hausse de la production, les économies de coûts et l'amélioration des marges de raffinage ayant contrebalancé la chute de 44% du prix du pétrole.
La major française a aussi annoncé qu'elle dépasserait les 1,2 milliard de dollars annoncés en matière d'économies de coûts cette année, et qu'elle avait vendu 20% du gisement gazier britannique de Laggan-Tormore, pour presque 800 millions d'euros.
Entre avril et juin 2015, le groupe a dégagé un résultat net de 2,97 milliards de dollars, contre 3,1 milliards un an auparavant. Ce résultat est au-dessus des attentes des analystes, qui tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 2,85 milliards de dollars, selon le consensus établi par FactSet.
"Les mesures d'économies de coûts (...) semblent manifester leurs effets plus tôt que prévu", commente le courtier Jefferies dans une note, saluant des résultats"robustes".
"Le +cash+ est roi en période de chute des prix du pétrole, et au deuxième trimestre, le flux de trésorerie d'exploitation (...) a été supérieur de 870 millions à la trésorerie consommée par les investissements", souligne de son côté Société Générale.
Le résultat opérationnel - ajusté notamment des charges de restructuration et des dépréciations d'actifs - a reculé de 27% sur un an, à 4,06 milliards de dollars, tandis que le chiffre d'affaires a plongé de 29%, à 44,72 milliards de dollars.
Au deuxième trimestre, le pétrole brut valait en moyenne 61,9 dollars le baril de Brent de la mer du Nord, soit 44% de moins qu'un an plus tôt, souligne le groupe.
L'impact de ce recul sur les activités d'exploration-production a été "compensé partiellement par une hausse de 12% de la production" d'hydrocarbures à presque 2,3 millions de barils équivalent pétrole par jour (Mbep/j), et ce en dépit de l'arrêt, pour des questions de sécurité, de son usine de gaz naturel liquéfié au Yémen.
Une croissance "impressionnante", souligne Deutsche Bank, qui fait de Total "la 'major' pétrolière qui croît le plus vite", selon Société Générale.
La production du groupe a bénéficié du démarrage de nouveaux projets tels que CLOV en Angola, ainsi que de la participation de 10% remportée dans l'importante concession ADCO à Abou Dhabi.
Le résultat opérationnel ajusté de la division amont a malgré tout reculé de 59%, à 2 milliards de dollars.
Les activités d'aval ont elles tiré profit de l'amélioration des marges dans le raffinage, la pétrochimie et la distribution, "soutenues notamment par la hausse de la demande dans un contexte de prix plus bas", commente Patrick Pouyanné, directeur général de Total, cité dans le communiqué.
Le résultat opérationnel ajusté de la branche raffinage-chimie a été multiplié par quatre, à 1,6 milliard de dollars, et celui de la branche marketing et services (distribution de carburants, lubrifiants, etc.) a progressé de 15% à 465 millions de dollars.
Total a annoncé en avril la reconversion de la raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) et la modernisation de celle de Donges (Loire-Atlantique), deux mois après avoir réduit de moitié la capacité de raffinage de son site anglais deLindsey, dans le cadre d'un plan visant à redresser la rentabilité de cette branche.
Importante cession au Royaume-Uni
Le groupe prévoit par ailleurs "de dépasser son objectif de baisse des coûts"opérationnels de 1,2 milliard de dollars en 2015 et confirme "la baisse annoncée"de plus de 10% de ses investissements, qui devraient s'établir entre 23 milliards et 24 milliards de dollars cette année, ajoute le dirigeant.
Total confirme aussi viser une "hausse de plus de 8%" de sa production moyenne en 2015, à un peu plus de 2,3 Mbep/j.
Dans un communiqué séparé, Total a annoncé la cession de 20% de l'important champ gazier de Laggan-Tormore ainsi que de ceux d'Edradour et de Glenlivet, en mer du Nord britannique, au groupe britannique Scottish and Southern Energy pour 565 millions de livres, soit presque 800 millions d'euros.
Total, qui détenait jusqu'ici 80% de ces champs, avait confirmé en avril son intention de vendre 20% de Laggan-Turmore, dans le cadre d'un plan de cession d'actifs de 10 milliards de dollars, dont 5 milliards dès cette année, adopté pour faire face à la chute des cours du pétrole.
"Total poursuit ses discussions pour la cession de plusieurs autres actifs", assure le groupe.
L'action Total réagissait positivement à cette publication mercredi, gagnant 1,15% à 43,71 euros à la mi-journée, tandis que l'indice CAC 40 s'adjugeait 0,35%.
AWP