Il l’avait promis la main sur le cœur, le général Ould Abdel Aziz n’a pas pour objectif de modifier le « verrou » constitutionnel mauritanien qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux. De ce fait, le Président Mauritanien devrait quitter le pouvoir en 2019.
Toutefois, depuis plusieurs mois, l'opposition et un certain nombre de proches du Président Mauritanien lui prêtent la tentation de vouloir retoucher cette disposition du texte fondamental, à la faveur d'un référendum prévu avant la fin de l'année.
C'est précisément cette tentation du « troisième mandat» qui aurait poussé plusieurs milliers de mauritaniens à sortir manifester hier samedi dans le centre-ville de la capitale Nouakchott, appelant au rejet de la consultation référendaire programmée par le pouvoir.
Répondant à l'appel de la plateforme Forum National pour l'Unité et la Démocratie (FNDU), qui regroupe près de quinze partis de l'opposition, les manifestants ont notamment exprimé leur rejet des conclusions issues du « dialogue national » mis en place fin septembre, qui prévoient l'organisation d'un référendum constitutionnel. Ce dernier porterait notamment sur la suppression de la chambre haute mauritanienne, l'institution de médiateur de la république ou la haute cour de justice.
Un agenda caché ?
Mais pour nombre de manifestants, le cœur de la consultation référendaire pourrait être biaisé à la dernière minute par les soutiens du Président, en faisant sauter le verrou constitutionnel qui limite le nombre de mandats. Autre point de discorde, l'organisation d'élections législatives et locales anticipées, qui pourraient jouer en défaveur d'une opposition atomisée, qui peine à faire émerger une figure charismatique pour faire face au Président Ould Abdelaziz.
Les enjeux pour la Mauritanie sont énormes
Le pays a connu une décennie marquée par l'instabilité institutionnelle avec deux coups d'Etats militaires qui ont conduit successivement au renversement de Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya en aout 2005, puis à l'éviction d'un Président pourtant élu démocratiquement, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, trois ans plus tard en 2008.
Dans ce contexte, certains experts s'interrogent sur la pertinence même de vouloir amender la constitution alors que le pays doit faire face à une tension budgétaire extrême, sur fond de surendettement et de ralentissement des revenus issus du secteur minier.
La Tribune Afrique