Emmanuel Macron est arrivé ce 19 mai à Gao dans le nord du Mali. Le président français nouvellement élu souhaite donner une dimension nouvelle à l'engagement militaire de la France, sur place depuis quatre ans pour lutter contre les jihadistes.
À son arrivée ce matin à Gao, pour ce qui est son premier déplacement, Emmanuel Macron a été accueilli à la descente du Falcon présidentiel par son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta vendredi 19 mai.
Le président français, accompagné des ministres Jean-Yves Le Drian et Sylvie Goulard, respectivement aux Affaires étrangères et aux Armées, et par le directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux, doit passer environ six heures sur place, avec un programme très chargé.
Coopération franco-allemande
Après un entretien de 45 minutes avec Ibrahim Boubacar Keïta sur la lutte contre le jihadisme et la laborieuse application de l’accord de paix, Emmanuel Macron doit être présenté à l’unité Barkhane avant un briefing à huis clos par les commandants de ces forces mais aussi des forces spéciales Sabre.
Emmanuel Macron effectuera ensuite un vol en hélicoptère au-dessus de Gao et de la boucle du fleuve Niger, puis en condition de tactique de combat, à basse altitude, sous les caméras des télévisions embarquées à bord d’un autre hélicoptère. L’Élysée a choisi Gao car il s’agit de la plus importante base des forces françaises engagées à l’extérieur.
Davantage que son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron veut mettre l’accent sur la coopération internationale contre la menace jihadiste, avec les autres pays européens, notamment l’Allemagne, premier contributeur européen à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).
La France veut « une impulsion franco-allemande pour que l’Europe joue un rôle croissant dans les dossiers de sécurité et de défense, dont ceux de l’Afrique et du Sahel », selon l’entourage du chef d’État. Cette question avait déjà été évoquée le 15 mai avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Sortir de l’approche purement militaire
Autre nouvel axe affiché : articuler davantage l’approche militaire avec les politiques de développement, comme le montre la présence du directeur général de l’AFD pour ce déplacement. Plusieurs organisations humanitaires le demandent. Pour elles, la seule approche militaire ne résoudra pas les violences secouant le Mali.
La politique française en Afrique est trop « purement militaire », et doit « investir dans le secteur de la gouvernance », plaide ainsi la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
Même diagnostic pour l’organisation humanitaire Human Rights Watch (HRW), qui demande à Emmanuel Macron d’« exhorter le président du Mali à s’attaquer frontalement aux problèmes qui ont mené à des décennies d’instabilité, notamment une faible gouvernance, une corruption endémique et les abus commis par les forces de l’ordre ».
Jeune Afrique