La concertation ou le dialogue objet de supputations et de commérages, qualifiée par certains d’indispensable et par d’autres d’inutile et intervenue avec beaucoup de retard a enfin démarré, dans son format définitif, portant sur sa commission de supervision, marquée par une représentation officielle appréciable et une présence politique non négligeable. Peut-on dire que le dialogue a franchi l'écueil, que son lancement et son arrivée à bon port sont des acquis de l’ère, ou y a-t-il un risque qui saute sur le fait que de nombreux démons, en particulier les diables politiques, se cachent dans les détails même si c'est pendant leur saison annuelle où ils sont enchainés ?!!
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Forte impulsion
L'entrée de « l'ingénieur du dialogue/concertation, le Dr Yahya Ould Ahmed El Waghef, dans le second gouvernement du Premier ministre Ould Bilal, depuis le portail du secrétariat général de la présidence, a représenté une forte impulsion au dossier, qu'il avait continué à diriger depuis son poste de Vice-président de l’Union Pour la République (UPR), le parti au pouvoir.
Sa nouvelle position lui a offert la plate-forme appropriée pour s'adresser à tout le monde, du piédestal du mandaté officiel du président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, investi d’unifier le spectre politique autour d’une même table et de parler enfin de dossiers dont tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont urgents et prioritaires, mais devant lesquels ils se sont souvent retractés à l’approche de l’heure de vérité.
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L'impact de la présence de Ould Waghef au palais sur le dossier de concertation très vite apparu :
- La première déclaration du nouveau porte-parole officiel du gouvernement avait porté sur la concertation et la personnalité qui sera chargée de sa supervision
- Plus tard, des invitations avaient été envoyées aux membres de la commission préparatoire pour se réunir à l'Académie diplomatique samedi dernier matin.
- C'est la rencontre qui a eu lieu à l'heure fixée, en l'absence du Parti de l'Alliance Progressiste Progressiste (APP), de Messaoud Ould Boulkheir et avec une ampleur qui n’était pas prévisible pour ce type de retrouvailles. Ce qui a soulevé l’interrogation : Le dialogue a-t-il traversé le pont, ou les écueils des « détails » sont-ils plus difficiles que les obstacles du lancement ?
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Dans les détails :
Les participants se sont mis d'accord sur un plafond élevé pour le dialogue, ou la concertation, qui n'exclut aucun sujet et aucune partie. C'est ainsi que l'opposition l'a demandé et c'est ainsi que l'Autorité l’a accepté (il est ironique que la même expression soit utilisée dans un document appartenant au parti Tawassoul, dans le discours du Président de la République et dans l’éthique de nombre acteurs politiques de diverses allégeances).
Un plafond d’une telle hauteur élevée peut laisser la porte grande ouverte devant de nombreux détails qui sont censés être les gros titres de la séance de concertation attendue jeudi soir, et des séances qui suivront.
Toujours est-il que la lecture des positions et des parcours des principaux participants à la concertation permet d'anticiper des écueils à trois niveaux :
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Premièrement : qui participe ?
Le détail le plus difficile à trancher pour la commission de supervision sera celui de la liste des participants. Seront-elles uniquement des listes partisanes et si c'est le cas, sur quelles bases, ou seront-elles élargies à la société civile et aux autres acteurs des milieux culturel, religieux, social et économique ??
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Deuxièmement : par où commencer ?
Souvent, les participants ayant convenu un plafond, ne trouvent pas de difficulté pour s’accorder sur la liste des principaux titres de discussion précédemment identifiés dans le document de la feuille de route adoptée par certains partis politiques lors des concertations, mais le fait que "le diable soit dans les détails, il sera ici présent pour déterminer les priorités et le point de départ. Sera-t-il des questions politique et plus précisément de nature électorale, ou aura-t-il l’un de ces visages sociaux, surtout ceux qui sont habituellement discutés sous l'intitulé "questions d'unité nationale".
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Et quand sera la fin ?
La troisième question est quand la concertation prendra -t-elle fin ?
- Un délai rapide garantissant la fin de la concertation avant la clôture de la session parlementaire, afin que ses résultats soient précocement identifiés par les techniciens, de sorte à assurer une meilleure préparation des échéances électorales successives à partir de l'été de l'année prochaine, sera-t-il plafonné ?
- Ou la multitude des sujets et la complexité de certains d'entre eux et le besoin de solutions consensuelles demanderont et prendront un temps, peut-être proche de celui nécessité par la préparation du lancement de la concertation.
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De l'extérieur de la pièce...
Bien que la plupart des forces politiques soient impliquées dans la concertation, la réémergence de voix jeunes et politiques non partisanes ou non autorisées à militer jusqu'à présent, rend évident la formation d’un ou de pôles politiques ou jeunes participant à la concertation, en dehors de son arène officielle ; ce qui imposera aux participants une situation les mettant devant deux choix :
✔️ Soit chercher à s’accommoder avec ces pôles, avec ce que cela peut créer comme difficultés pour monter de nouveau l'ensemble de l’opération
✔️ Ou œuvrez pour prendre en compte leurs revendications dans les agendas et les résultats de la concertation, si cela permettra de les convaincre de rejoindre la locomotive de l’apaisement.
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Et enfin
Il est probable que l'arrivée des principaux partis sur la scène nationale à la phase de l'amorce effective du dialogue, signifie qu’ils ont suffisamment de volonté pour atteindre un niveau minimum de succès, mais la capacité de concrétiser cette volonté dans l’administration de la concertation et dans le dépassement des nombreux détails qui l'attendent, reste la question la plus grande et la plus importante dont l'opinion publique nationale continuera à guetter la réponse effective dans les semaines et peut-être les mois à venir..?