Lorsque nous avons écrit dans le Zoom "Essahraa" de la semaine dernière, à propos de l’enterrement du G5 Sahel, certains ont peut-être pensé qu'il s'agissait d'une exagération ou d'une négligence de la prudence analytique à laquelle nous tenons fermement.
Mais les nouvelles qui avaient suivies la semaine ultérieure sont venues corroborer les infos faisant état de la mort du Groupe, qui ouvre d’ailleurs la porte grande devant le conflit sur l’héritage.
Une guère portant avec elle des dimensions et des données nouvelles, que nous essayerons de cerner dans le présent "Zoom" hebdomadaire, en tentant d’examiner ses racines et d’explorer ses perspectives.
"""
De l'extérieur du Champ...
Bien qu’ils soient très proches du terrain de jeu au Sahel, la sensibilité des relations entre le Maroc et l’Algérie les a éloignés de la plupart des formations qui ont marqué au cours des dernières années cette région en ébullition.
En effet, l’effondrement du contrat du G5 et l’évolution globale de la région, les ont apparemment poussés et de manière accélérée, à se positionner en profondeur dans un espace dans lequel les deux Etats ont des intérêts vitaux :
✔️ La nouvelle la plus importante venait de Marrakech au Royaume du Maroc, où s’est tenue une réunion à laquelle avaient pris part quatre des pays du G5 (hormis la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad étaient présents à cette rencontre).
Les participants ont discuté selon les médias marocains, une vision posée depuis quelque temps par le roi du Maroc, Mohammed VI, se fondant sur l'accès des pays sahéliens à l'océan Atlantique. Une initiative qui a été largement saluée par les ministres des Affaires étrangères des pays présents à la réunion.
✔️ Quant à la deuxième nouvelle, elle porte sur une réunion tenue à des heures rapprochées, par deux parties issues de l’Algérie et du Mali et relative à la convocation de chacun des deux Etats de son ambassadeur accrédité dans le second pays, et de se renvoyer réciproquement des accusations.
Bamako est d’une part remontée contre l'accueil réservé à la Coordination des mouvements azawadiens - et peut-être à Cheikh Mahmoud Dicko - en Algérie, considérant le sujet de provocateur et d’inapproprié aux exigences de bon voisinage. L'Algérie est aussi en colère contre l’annonce solennelle du Mali de sa colère ainsi que du rappel de son ambassadeur, en raison d’un acte diplomatique considéré comme normal et naturel par le pays parrain du processus de réconciliation au Mali.
"""
À la fin...
Ainsi les choses se sont accélérées, nous mettant face à une scène dont les dimensions sont :
☑ Un groupe qui existait s'est disloqué et est devenu l'objet de violentes tensions entre les puissances internationales et régionales (nous avons évoqué dans les épisodes précédents, le processus et les dimensions du conflit international).
☑️ Les puissances régionales se livraient discrètement à un conflit dans la région et tout autour d'elle, tout en évitant les scènes de confrontation publique, mais l'état de dégénérescence du contrat, les a conduit à se découvrir ouvertement dans une confrontation qui, selon la plupart des estimations, ne sera pas tranchée rapidement.
"""
Où est la Mauritanie…?
La grande question est désormais de savoir où se situe la Mauritanie dans cette nouvelle équation ?
✔️ Continuera-t-elle à activer la stratégie de "neutralité positive", considérée comme l'une des constantes de sa position dans la gestion de ses relations avec Rabat et l'Algérie ?
✔️ Ou bien envisagera-t-elle la question sous l'angle de l'influence dans la région du Sahel, qui est restée en position de leader dans la plupart de ses groupes et formations.. ?
La réponse à cette question stratégique peut prendre du temps, mais devra intervenir sans trop tarder :
☑️ La bousculade nous entoure presque de tous les côtés et il ne sera pas " stratégiquement prudent" d’attendre la fin de l’encerclement pour réfléchir à ce qu’il faut faire.
☑️ L’ampleur des nouveautés dans la région rend le gel des approches « traditionnelles » une option aux conséquences indésirables.
☑️ la Mauritanie détient par ailleurs, de par sa position, la diversité des relations et l'ampleur des intérêts des parties internationales et régionales, de quoi être une carte difficile à contourner, si et seulement si les responsables des questions stratégiques prennent conscience du sujet et agissent en conséquence en prenant les mesures nécessaires