Si l'argent ne fait pas le bonheur, il y contribue quand même un peu. Mais combien faut-il gagner pour être heureux ? En 1964, Jean-Paul Belmondo, Lino Ventura et Bernard Blier s'écharpaient dans le désert pour se piquer 100 000 dollars au soleil.
C'est à peu près la somme à laquelle sont arrivés des chercheurs de l'université de Purdue (Nature Human Behaviour, février 2018).
Pour eux, un Américain atteindrait la plénitude du bonheur et le sentiment d'avoir réussi sa vie à 95 000 dollars de revenus annuels. Et il estimerait accéder au bien-être plus quotidien de la joie, de l'excitation et du plaisir de la vie entre 60 000 et 75 000 dollars.
Il s'agit bien là d'optimum. Car au-delà de ces sommes, paradoxalement, les ressentis de bonheur et de bien-être diminuent ! Trop d'argent nuit.
Deux explications à cela, selon les auteurs. D'abord, l'accumulation de biens matériels que permet l'augmentation du pouvoir d'achat est, après une phase d'euphorie, finalement peu épanouissante. Cela confirme les travaux plus anciens de chercheurs de l'université de San Francisco (PNAS, septembre 2010). Ensuite, la comparaison avec autrui peut se révéler frustrante quand elle est défavorable. Car l'argent ne rendrait heureux qu'à condition d'être plus riche que son voisin.
C'est également ce que concluait une autre étude qui s'appuyait, elle, sur le fait que le sentiment de bonheur dans les pays développés n'était pas plus élevé aujourd'hui qu'hier, malgré quarante ans de croissance économique, (université de Warwick, mars 2010).
L'étude de Purdue, conduite sur 1,7 million d'individus de 164 pays, rappelle bien sûr une évidence : les seuils ne sont pas les mêmes selon le niveau de développement des pays. Mais les mêmes déterminants semblent largement partagés à travers le monde.
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